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Me Paillard Goustour
Ouest France 19/10/2019

Assises. Douze ans de réclusion criminelle pour avoir porté 23 coups de couteau à sa compagne

Assises. Douze ans de réclusion criminelle pour a

Assises. Douze ans de réclusion criminelle pour avoir porté 23 coups de couteau à sa compagne

 

L'accusé a-t-il appris à gérer ses montées d'angoisse, qui l'amènent à des comportements de violence extrême aux moments des séparations ? Pas encore pour le jury, qui est allé au-delà des réquisitions de l'avocat général, ce jeudi 10 octobre.

"J'aurais du mal à vivre avec ça." Pour son second jour de procès devant la cour d'assises du Maine-et-Loire, ce jeudi 10 octobre, Olivier Janière, 50 ans, vient de raconter sa version de l'histoire. Cette relation étrange, en pointillé, faite de ruptures et de retrouvailles. Cette séparation impossible pour lui, dans la soirée du 1er décembre 2016. Et un déchaînement de violence où il a asséné 23 coups de couteau, chez lui, à Montrevault-sur-Èvre.

 

Violence inouïe

Une scène d'une violence inouïe pendant laquelle la victime a cru mourir. Son agresseur a aujourd'hui conscience qu'il a failli commettre l'irréparable. "Je ne contrôlais plus rien. J'ai continué jusqu'à ce qu'elle me dise : Arrête, tu vas me tuer. Ça a été un déclic. Elle ne méritait pas ça. Avec un seul coup de couteau, j'aurais pu la tuer."

 

"Montée d'angoisse"

Reprenant les mots de l'expert psychologue Boris Terziman, Me Noémie Ernoult rappelle que son client a fait face à "une montée d'angoisse. L'être humain doit trouver un moyen de l'évacuer". Malgré "une aptitude à appréhender les événements de manière fine, clairvoyante, il n'est pas en mesure d'appréhender ces événements sur le plan affectif", avait décrit le spécialiste du comportement, des émotions et de la santé mentale.

 

Marqué par le décès de sa mère

Une errance psychique démarrée après le décès de sa mère, en 2004. Elle pourrait expliquer les montées de violence que vit Olivier Janière, à chaque rupture. Ainsi, il a été condamné un an et demi avant les faits par le tribunal correctionnel après sa séparation précédente. Il s'était retrouvé à califourchon sur son ex, en train de l'étrangler.

 

"Colère atténuée"

S'est-il assagi pendant ses trois ans de détention ? Mes Romaric Raymond et Noémie Ernoult veulent y croire. Ils mettent en avant les soins psychologiques entamés. "La colère envers la victime est atténuée, pas celle à mon égard", clame l'accusé.

Atténuée ? Une déclaration qui inquiète Me Nathalie Paillard-Goustour, en partie civile : "Il est encore en colère contre cette pauvre victime. Il n'a absolument rien résolu. Ma cliente est persuadée qu'il recommencera. Il s'est arrêté, non pas parce qu'il a compris l'ampleur de ses actes, mais parce qu'il la croyait morte."

 

"Pas de réponse"

Pour sa part, l'avocat général Brice Partouche est resté sur sa faim. "On attendait de savoir pourquoi, comment. Je ne crois pas avoir entendu de réponse. J'ai la désagréable sensation que l'on a passé un gros coup de peinture rose sur sa vie pour le décrire comme quelqu'un de sympathique. Si ça ne vient pas de lui, c'est l'autre." Trop simpliste pour le représentant du ministère public. Il requiert dix ans de réclusion criminelle.

 

Pas de garanties suffisantes...

Après plus de trois heures de délibéré, la cour d'assises rend son verdict. Elle condamne Olivier Janière à douze ans de réclusion criminelle. Le jury n'a sans pas obtenu non plus les garanties suffisantes pour s'assurer que le quinquagénaire a appris à se maîtriser. Il devra apprendre à vivre avec ça.

Josué JEAN-BART - Publié le 10 octobre 2019

 
 
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